La problématique du plomb dans l’habitat ancien refait surface dans les prétoires. Trois récentes décisions de justice mettent en effet en lumière les difficultés que pose l’exposition au plomb dans le cadre locatif. En dépit de la réglementation en place, le contentieux révèle une tension entre le droit à un logement décent et les réalités de terrain. Pour les bailleurs, mais aussi pour les diagnostiqueurs, le message est clair. L’enjeu sanitaire du plomb dépasse, largement, la seule conformité réglementaire.
Le diagnostic plomb, obligatoire avant toute location de logements construits avant 1949, devrait prévenir les risques d’exposition. Pourtant, certains cas montrent que cette mesure préventive ne suffit pas toujours à protéger les occupants. À Saint-Étienne, un logement affichant des revêtements classés à haut risque n’a ainsi pas été jugé indécent au motif que le danger immédiat n’était pas établi. À l’inverse, le tribunal de Bordeaux a retenu l’indécence en présence de plomb conjugué à d’autres dégradations, suspendant les loyers et ordonnant une indemnisation. À Paris, le juge a reconnu un préjudice moral sans remettre en cause la validité du bail. Ces décisions prouvent l’hétérogénéité des réponses judiciaires, faute d’un cadre commun d’interprétation.
La mission du diagnostiqueur se trouve alors au cœur des arbitrages. Un rapport complet et actualisé devient en effet une pièce maîtresse dans l’évaluation des risques sanitaires. Mais également dans la capacité du bailleur à prouver sa bonne foi. Lorsqu’il est bien documenté, le diagnostic peut ainsi faire la différence dans une procédure et éviter à un propriétaire de voir sa responsabilité engagée. À l’inverse, une expertise incomplète ou mal interprétée peut fragiliser l’ensemble du dossier.
La tendance actuelle des juridictions semble aller vers une reconnaissance plus fine de l’impact de l’exposition au plomb, même lorsqu’elle ne suffit pas à qualifier le logement d’indécent. L’indemnisation du trouble de jouissance, autrefois marginale, tend à s’autonomiser dès lors qu’un préjudice de santé ou de confort est établi. Cela oblige les professionnels de l’immobilier à revoir leur approche. La conformité administrative ne suffit plus. La vigilance technique et l’anticipation des risques deviennent indispensables.